(Extrait de « Claustrophobie ou les Rues de Pandémonium », Ed. de l'Acanthe)
vendredi 18 mai 2007
(Extrait de « Claustrophobie ou les Rues de Pandémonium », Ed. de l'Acanthe)
Le Cercle de la Rotonde
jeudi 17 mai 2007
Exposition avec"Art Gimiacus"
J'ai appris à rire avec les blés, à lire tout ce qu'un arbre avait écrit sur mon sort et quand on m'appelle c'est d'une voix de cigale que je réponds. Je me promène comme on aime à se perdre, égaré multiple savourant sa folie au gré de ses dérives. J'habite la seule épine qui ne m'ait pas piqué et je taille toujours ma plume sur le fil du rasoir : le Temps ne m'a prêté asile que l'espace d'un mouchoir.
Telle l'atrabile un destin atone
A versé en moi un bain d'ébène :
Noir chagrin indolent où se traîne
Un flot lent de larmes et de haines.
Souvent en ce fleuve d'eau malsaine
Je vois émerger une clarté
Jaillissant d'un phare d'outre-mer :
Ô sinistre lumière de nuit !
Râle de clairvoyance solitaire
Qui m'abandonne un abîme amer.
II
Malheur à l'incrédule qui luit,
Seul, parmi les ombres qui s'enchaînent
Aveugles du monde et de la peine :
Pour prison je ne veux que l'amour !
Mais les ombres me guettent vautours
De toussaint aux pattes de velours,
Me voulant aux cieux ou dans une tour,
Préférant l'ignorance à l'odieux,
L'illusoire à mes propos de pieu.
J'ai assez vu leur tourment Ô Dieu !
S'il te plaît crève-moi les deux yeux.
I
Toute l'eau du port ne
suffit pas à inonder le songe
partons ainsi qu'assis
dans l'entrelacs de nos récits
qui voyage dit-on
ne revient pas sans mirage
ni vent cousu aux doigts
II
Venise a-t-elle désiré toucher le ciel
du bout de son loup
qu'à trop jouer de ses racines
l es voici démasquées comme
n'étant que la pierre humide
d'un rêve qui se repense
à mesure qu'il s'affaisse
Et puis quand le temps comme un néant malfaisant,
Darde son sombre oubli sur nos tombes fécondes,
Desséchant, décolorant, pliant et faisant
D'une fleur du souvenir la cendre du monde,
J'ai le fiel amer des mémoires éphémères.
Claustrophobie ou les rues de Pandémonium
C'est sur ces mots, les premiers à vrai dire que je couchais sur le papier, que ma vie prit le chemin du poème comme d'autres empruntent une voie vers un ailleurs qui leur ressemble tant il est vrai qu'entre la voix et la voie les distances se confondent en une lettre absente. Claustrophobie ou les rues de Pandémonium, curieux titre il est vrai, qui attire autant qu'il rebute : d'aucuns craignant d'y découvrir un surplus de noirceur, oubliant bien vite que c'est à la lumière que l'ombre doit d'être dessinée et non l'inverse. Ce recueil je l'ai voulu plus touchant que sombre, presque naïf comme le regard d'un enfant sur le point de naître et porté par ses promesses ; je m'y accouche au fil des pages et m'étonne presque de me voir venir en mots. J'ausculte le monde, rêvant aussi de ciel, alors que le ciel n'est plus de nos jours qu'un petit bout de météorologie et possède ce curieux besoin d'accorder la quête du mystique à la rhétorique de l'esthète. N'y a-t-il point de paradis sans idoles et à quoi bon s'atteler à ne construire que des ruines ?