mercredi 5 avril 2017

Maman,

Le monde s’est séparé de toi
Et pourtant je te sais guérie
Dans la jouvence d’un nouveau jour
Dans l’enseignement d’un nouvel espace
Et dans l’évanouissement du sang
Tandis que malades nous sommes
Du vide que tu as laissé


Faudra-t-il que sereins nous avancions
Comme lentement on le ferait à tâtons
Alors que tout en nous nous invite à pleurer ?
Combien de larmes peut donc contenir un nuage
Avant qu’il ne se mette à pleuvoir ?
Tu nous as laissé ta trace et ton lustre
Ta gentillesse et ta disponibilité
Rien de tout cela n’a trépassé
Même pas toi ni ton regard
Que je revois à l’instant
Comme un souvenir solide

De ne voir que ton ombre
Ne signifie pas que tu n’es plus là
L’envers du soleil est bien plus chaud
Pour une âme que pour un corps
Est-ce pour cela qu’il fait ici si froid
Et que tu nous tiens à distance
De peur que l’on ne se brûle ?

Que tu nous sembles lointaine
Et pourtant à la fois si proche
Encore hier je te tenais la main
Je partageais ton repas et ton vin
Nous bâtissions des églises
Pour y déposer nos peines
Et l’hyménée des rires
Laissait cela à distance

Même douloureuse la séparation n’est qu’illusoire
Et combien fier est le bateau qui comprend
La grandeur de son naufrage
Et aspire à la quiétude comme
A un lieu habitable et étanche

Le ciel a rajeuni depuis ton hiver
En une saison unique et rayonnante
La volupté et la promesse d’une vie augmentée
A pris la place de nos échanges
Et le bonheur qu’aucun être ne peut
Connaitre ici-bas t’est enfin délivré

L’univers n’attendait plus que toi pour
Exister un peu plus et un peu mieux encore
Amènes-y tout ton amour et le nôtre
Et qu’ils y scintillent ensemble
Éternellement