jeudi 21 mai 2009




La distance ravive, dit-on, le verbe qui s’échoue et le soir se saisit de ton absence comme le rideau rend plus vivace encore les acteurs qu’il feint de gommer. Je voudrais te parler de la lune, te dire que la nuit tous les chats ne sont pas gris, qu’en dépit de leur nom les rigoles manquent singulièrement d’humour, qu’elles ont, elles aussi, leur part d’ombre et que certains y ont abandonné leur âme : je m’y perds tout comme eux, loin de tout, loin de toi… Je voudrais te parler de mes voyages et du temps, te dire que les trains qui fuient leur ombre n’ont pas d’attaches ni d’heure pour le départ, et que les seules horloges que je connaisse épellent chacune des lettres de mon prénom mais ignorent tout de toi. Elles ont l’éternité pour t’attendre et je n’ai plus aucun nom à leur donner et toujours un train à prendre.


(Absence, extrait de « L’Amour en Lettre Capitale », Ed. Le Coudrier)



Dessins de V. Laurent et de Fred Van Campenhout, préface du recueil par Louis Mathoux.


Une femme,
un homme,
une rencontre.
Il est tard pour tous les deux : bientôt les rêves seront couchés.
Il est écrivain, elle est seule.
Il boit du café, elle boit du petit lait,
goûte à ses mots dont elle saisit la fleur
et se l’enroule autour du cœur.
Elle ose. Lui demande de lui faire une place dans sa vie,
entre syllabes et consonnes, entre qu’on s’aime et consume…
Il lui répond que ses draps sont bien trop étroits,
Malheureuse, pour qu'un bonheur s'y complaise
et que de ses livres elle occupe déjà la première place,
celle réservée aux femmes.
Pragmatique, elle lui propose alors d’y mettre un lit,
quelques mots suffiront à l’installer, et, ensemble,
de s’y coucher entre deux verbes tendres.



(Un homme une femme, extrait de « L’Amour en Lettre Capitale », Ed. Le coudrier)