jeudi 17 mai 2007


I

Telle l'atrabile un destin atone
A versé en moi un bain d'ébène :
Noir chagrin indolent où se traîne
Un flot lent de larmes et de haines.
Souvent en ce fleuve d'eau malsaine
Je vois émerger une clarté
Jaillissant d'un phare d'outre-mer :
Ô sinistre lumière de nuit !
Râle de clairvoyance solitaire
Qui m'abandonne un abîme amer.

II

Malheur à l'incrédule qui luit,
Seul, parmi les ombres qui s'enchaînent
Aveugles du monde et de la peine :
Pour prison je ne veux que l'amour !
Mais les ombres me guettent vautours
De toussaint aux pattes de velours,
Me voulant aux cieux ou dans une tour,
Préférant l'ignorance à l'odieux,
L'illusoire à mes propos de pieu.
J'ai assez vu leur tourment Ô Dieu !
S'il te plaît crève-moi les deux yeux.


P.F.