jeudi 17 mai 2007

Claustrophobie ou les rues de Pandémonium






« Toujours il revoit l'aurore qui dans le moule

L'a baptisé, et son berceau malgré vos foules

Maugréantes, luit de sa semblable ascendance »




C'est sur ces mots, les premiers à vrai dire que je couchais sur le papier, que ma vie prit le chemin du poème comme d'autres empruntent une voie vers un ailleurs qui leur ressemble tant il est vrai qu'entre la voix et la voie les distances se confondent en une lettre absente. Claustrophobie ou les rues de Pandémonium, curieux titre il est vrai, qui attire autant qu'il rebute : d'aucuns craignant d'y découvrir un surplus de noirceur, oubliant bien vite que c'est à la lumière que l'ombre doit d'être dessinée et non l'inverse. Ce recueil je l'ai voulu plus touchant que sombre, presque naïf comme le regard d'un enfant sur le point de naître et porté par ses promesses ; je m'y accouche au fil des pages et m'étonne presque de me voir venir en mots. J'ausculte le monde, rêvant aussi de ciel, alors que le ciel n'est plus de nos jours qu'un petit bout de météorologie et possède ce curieux besoin d'accorder la quête du mystique à la rhétorique de l'esthète. N'y a-t-il point de paradis sans idoles et à quoi bon s'atteler à ne construire que des ruines ?


P.Feyaerts



Poète, philosophe, moralisateur ? Pascal Feyaerts est avant tout un solitaire vivant parmi les ruines d'une tour de Babel rejetée par tous, Dieu en tête. Il exprime très clairement « cette ardeur inquiète qui vous prend à l'instant d'être » en cette capitale imaginaire où les impasses se multiplient jusqu'au cœur de l'absurde. Fort heureusement l'auteur apprit « à rire avec les blés », à « incendier ses ténèbres », à « s'endormir dans le lit d'une pensée sans souci ». Voilà qui soulage de la claustrophobie que le titre évoque pourtant aussi avec pertinence.Poète, philosophe, moralisateur ? En tous les cas un fervent qu'habitent rêves, abîmes, vertiges de l'autre côté de la mer.




Jean Dumortier


Chaque texte bref de Pascal Feyaerts ressemble un peu à un joyau dont la page du livre serait l'écrin. Il y a comme un travail d'orfèvre de l'écriture qui touche dès l'abord et se renouvelle au fil des poèmes.Les mots semblent choisis avec soin, ciselés avec patience et passion. La rythmique de chaque phrase respire d'une tonalité juste, empreinte de finesse et d'amplitude. On remarquera de nombreuses associations de termes et d'images très inventives. Loin d'être gratuites, ces trouvailles accroissent l'intensité des propos contenus dans l'écrit.L'écrivain peint avec de l'humilité, du tact et de l'émotion, des paysages reflétant l'état du monde, des icônes de voix intérieures. Le recueil est parcouru par un fond d'amertume, une forme latente de mal-être. Mais sans tomber dans le larmoyant ou le théâtral. Au contraire, la manière de dire les choses en magnifie l'approche en une sorte d'appétit dont on se doit de préserver la fragilité et la puissance. Un petit livre à découvrir et à déguster.



André Simon